L'étreinte des jours
En équilibre sur le pétale, la larme d’une fleur vacille entre le précipice et le cœur: seul le temps se fait gardien du destin. Je l’observe longuement vivre ses instants en suspend, moi-même en proie à la foudre ou autres sauvages fatalités, à me demander qui est le maître des maîtres. Si j’effleure cette langue parfumée et force la chute de la goutte, deviens-je son bourreau? Si je la pousse gentiment vers le creux de la rose, suis-je son sauveur?
Et si c’était une force occulte qui tirait mes ficelles, étais-je encore l’instigateur de quoi que ce soit? Est-ce que l’on se sert de moi? Et si c’était un peu des deux?
Une pluie battante fait acte de stupeur. Cette curieuse perle se multiplie en sœurs jumelles qui, tour à tour, plongent dans les abysses d’une terre noire ou remplissent le calice floral à vue d’œil. J’hésite à déduire s’il s’agit de mon esprit ou de l’Esprit qui me joue des tours.
C’est un peu comme l’étreinte des jours: on ne sait jamais vraiment s’il est l’étau qui se resserre ou une réconfortante paire de bras qui nous entoure.